Paris Public Spaces

Quand Éric La Casa donne le « top » de départ, Seijiro Murayama est prêt – c’est-à-dire qu’il estime le temps venu après l'avoir envisagé – à enregistrer avec lui l’espace public parisien. La promenade commence dans les allées du Parc Floral.
Enregistrer, donc : un chœur d’enfants qui jouent, une partie de tennis, une station de métro, une portion de tunnel, la Seine même… Le piéton de Paris, harnaché, capte, écoute pour composer ensuite, enfin laisse entendre un quotidien capable de déroutes. Auquel Seijiro peut d’ailleurs réagir : expressions de gorge, souffles, note parallèle à celle d’une autre voix… Un impromptu (plus qu’une improvisation) qui rehausse la rengaine urbaine et enchante la balade du raconteur fondu dans le paysage, de l’arpenteur qui se repère exclusivement au son.
Ainsi, Éric La Casa et Seijiro Murayama se réservent-ils, dans leur divagation documentariste, un droit à une poésie de contemplation, de surprise et d’inquiétude. Une poésie de celles dont Fargue parlait comme d’une « vie de secours où l'on apprend à s'évader des conditions du réel, pour y revenir en force et le faire prisonnier. » Guillaume Belhomme, Le son du grisli, http://grisli.canalblog.com/archives/2015/01/09/31281094.html

La Casa writes, '"Paris as it is"in our daily life, with its ordinary but intimate moments captured in public spaces, with its delicate nuances of atmosphere.', and that's what we get, following he and Murayama into several neighborhoods (some within a stone's throw of my desk as I'm writing), observing closely and clearly, making the occasional interjection but withholding any judgment but the most general, that this "scene" portrays something real about this city. We hear, I assume, Murayama making some discreet mouth noises now and again (quite possibly more often than I realize) though he approximates some conceivable local fauna. More pervasively, we encounter people, bustling, traffic--nothing so unusual but caught with a lovely clarity, in a beautiful "light", if you will. Each track contains some small wonder; I got a special kick from the Murayama's humming along (or athwart) the marching band heard on Part 8. La Casa has shown a fantastic ear in prior releases and does it again, having far more in common, in effect if not in mode of construction, with Luc Ferrari than with standard field recordists. (I'm not certain how much of the recording part was done by Murayama--I may be shorting him on that front; both likely deserve equal credit). Excellent work, don't let it slip through.
Brian olewnick, Just Outside, http://olewnick.blogspot.fr/2014/08/angle-premier-angle-nueni-not-your.html

Je ne crois pas que les lecteurs de ce blog auront besoin d’une présentation d’Eric La Casa, un des plus remarquables artistes sonores français à utiliser les enregistrements comme un instrumentiste. Quant à Seijiro Murayama, ce musicien japonais qui a résidé en France de nombreuses années avant de retourner au Japon, ce sont surtout ses soli de caisse claire - qui sont vraiment géniaux soit dit en passant - qui l’ont fait connaître, mais parallèlement, Murayama utilise également la voix et les enregistrements (peut-être même exclusivement à l’heure qu’il est), comme dans cette nouvelle collaboration avec Eric La Casa.
Un disque intitulé Paris : public spaces, pour voix et enregistrements plus field-recordings. Voyant ceci et connaissant les précédents travaux de ces artistes, c’est assez facile de se faire une idée plutôt claire de ce qui va sortir de cette collaboration, et même si je m’attendais à peu près à ce que j’ai entendu, chaque écoute n’a cessé de me surprendre. Murayama et La Casa ont composé douze pièces pas très longues (de une à sept minutes) éditées selon des thématiques : évènements, parcs de loisirs, chantiers de construction, espaces vides, couloirs, jardins. Il s’agit d’enregistrements à deux en temps réels réalisés de janvier à juin 2012 sans mixage. Des enregistrements bruts du quotidien parisien en somme, avec ses moments de loisirs, de travaux manuels ou intellectuels, de calme, de vide, de plein et de saturation, de fête, de détente ou de repos. La Casa et Murayama semblent ne pas toujours vraiment s’intéresser aux prises de son pour leurs caractéristiques « musicales », il s’agit plutôt de capter des atmosphères, des ambiances, et surtout le dialogue qui s’instaure entre les deux musiciens et cet environnement sonore.
Murayama et La Casa captent et interviennent dans des environnements calmes, drôles, anxiogènes, durs, reposants, sales, propres, etc. Des environnements parisiens. Certains sont très riches (les chantiers, les stations de métro), d’autres sont monotones ou risibles, certains sont populaires, d’autres élitistes. Il s’agit de composer avec ces espaces publiques, de les capter, et de dialoguer avec. Et Murayama et La Casa semblent saisir quelque chose d’essentiel aux environnements avec lesquels ils jouent. Ils en saisissent quelque chose d’essentiel parce qu’ils se placent comme des acteurs de cet environnement, ils ne sont pas en retrait comme des documentaristes mais en plein cœur comme des acteurs de cet environnement.
Car en plus d’enregistrer ces espaces publics, de les capter et de les modeler selon les enregistrements (choix de l’emplacement, du micro, du volume, etc.), Murayama joue in situ. En fonction de l’atmosphère des espaces, Murayama fait des bruits discrets qui se fondent dans l’univers sonore, il produit des bruits incongrus qui rendent la situation encore plus risible, il parasite les situations souvent, où se fond dedans, en bref il joue avec. Il suffit souvent de pas grand-chose, un souffle retenu entre les dents et les lèvres, un petit claquement de langue, mais ces interventions renforcent l’action des musiciens dans l’environnement avec lequel il joue.
Un disque étonnant où les deux musiciens jouent avec leur quotidien. Ils ne témoignent pas vraiment de ce qu’ils vivent, mais dialoguent avec leur environnement, ils dialoguent de manière concrète et réelle, avec des micros et de la voix, peut-être pour renforcer ou mettre en avant les processus de stimulation de l’environnement sur la création. Julien Héraud, improv sphere, http://improv-sphere.blogspot.fr/2014/10/seijiro-murayama-eric-la-casa-paris.html

A most curious work here, but not unrelated to what I noted before: sometimes improvisers set themselves to work outside and use the natural sounds that surround them to be part of whatever they are recording. An extra layer of sound/music if you will. Here Murayama and La Casa do something similar, in the city of Paris. La Casa takes credit for 'field recordings' and Murayama for voice and recordings. Basically they go some place, with two portable recorders, and record the environment. Murayama adds with his mouth sounds to the recordings, but does that in a very subtle way, mostly almost unnoticed. He breathes, sighs, whispers or just makes crazy soft sounds with his mouth, maybe something a small baby would do. Maybe it's an imitation of sounds he's surrounded by, or maybe something he draws inspiration from. The space in which all of this happens is usually a bit hollow, adding an extra layer of musical information, a bit of reverb. Each track start with a cue to start, which is perhaps a bit annoying after a while, but on the other hand it also gives the idea of the start of an action, so the start of a piece, rather than seemingly random cut from a bunch of field recordings. That makes all of this quite a fascinating musical trip. Bird chirping, a marching band, fireworks, a construction site and sometimes just seemingly empty places. Murayama's contribution is rather mysterious most of the time, but that sort of is exactly quite right for this kind of music. A rather beautiful release. It would make you want to visit Paris straight away and go to these locations, close your eyes and listen again. But then, keep in mind, that this is not really a sounding travelogue, or just a piece of improvised music. It's a bit of all and at such a rather unique item. (FdW) vital 944, week 33, Frans de Waard